Le Luxembourg dispose aujourd’hui de huit théâtres, dont trois sont publics et cinq privés. Par ailleurs, il existe un grand nombre de centres culturels ainsi que des ensembles indépendants qui se produisent dans divers lieux à travers le pays. Grâce à ce plurilinguisme tout à fait particulier, la scène culturelle luxembourgeoise bénéficie d’une situation extraordinaire: tout au long de la saison, les différents théâtres produisent des spectacles en diverses langues : allemand, français, anglais et luxembourgeois. La plupart des artistes locaux, comédiens et metteurs en scène confondus, suivent leur formation à l’étranger et reviennent monter des projets dans leur pays natal en variant les langues selon les créations. Cette richesse linguistique permet de produire des pièces dans leur langue d’origine, ouvre la porte aux coproductions internationales et offre plus de possibilités et de diversité aux artistes et aux spectateurs.
Mais tous ces avantages ne dissimulent-ils pas certains inconvénients? C’est une question qui m’intéresse et me préoccupe énormément, étant moi–même comédienne trilingue. Née à Paris de parents français, j’ai ensuite grandi en Allemagne puis au Luxembourg, ce qui m’a donné l’opportunité de pratiquer le français, l’allemand et le luxembourgeois. Lors de mes différentes expériences théâtrales, j’ai eu l’occasion de jouer dans ces trois langues.
L’influence du plurilinguisme sur le théâtre, en particulier au Luxembourg, m’intéresse spécialement, car j’aimerais pouvoir répondre aux interrogations suivantes qui accompagnent mon chemin artistique. Quelle est l’identité culturelle du Luxembourg et de ses artistes ? Quel est l’impact de la langue sur le jeu d’un comédien ou sur la perception d’une pièce? Quels sont les atouts et les limites du plurilinguisme au théâtre? J’ai basé ma recherche sur des interviews menées avec plusieurs artistes polyglottes ainsi que sur un grand nombre de publications.