Qui ne s'est jamais retrouvé devant une photographie, un film ou une installation, se demandant quel message l'artiste avait bien pu vouloir mettre en évidence ? Que voulait-il transmettre? Qui n'a jamais ressenti un sentiment d'étonnement, de perplexité persistant parfois plusieurs jours, plusieurs semaines après avoir visité une exposition d'art contemporain, après avoir vu une pièce de théâtre ou une performance?Partant de cette constatation je me suis demandée; Qu'est ce qui fait énigme pour notre regard? Par quels moyens l'image pourtant concrètement définissable, joue-t-elle des tours à notre capacité d'interprétation? Comment et pourquoi son organisation interne produit-elle un langage énigmatique nous retranchant dans l'hypothèse plutôt que dans la certitude? Et surtout, quelles résonnances ces interrogations puis ces hypothèses opèrent-elles dans notre esprit, dans notre imagination? L'énigme en tant que devinette, n'est pas à laisser de côté. En effet, son mécanisme, jouant avec la langue visant à nous détourner des chemins réflexifs habituels, nous pousse, de fait, à adopter un autre point de vue et à d'accéder à une lecture hétérogène de ce qui nous entoure.Dans le traité Le mot sous les Mots, de l'Enigme à l'Enigmatique, Stéphane Bikialo affirme que l'énigme « est le lieu salutaire où peut se trouver formulée des relations entre le sujet sa langue et le sujet et le réel »3. L'énigme apparaît pour lui comme « une figure d'altération de la transparence »4. Dans ce cas, ne seraitelle pas également l'ouverture des possibles d'une nouvelle définition du monde et donc un nouveau regard sur celui-ci? C'est en ces termes, de visible et d'invisible, de réel et d'imagé que commencent mes recherches.