Ce travail de master doit être une occasion de traiter d’une problématique qui m’accompagne depuis le début de mon parcours théâtral : la capacité de "lâcher-prise3" dans l’interprétation dramatique, notion ambigüe rencontrée à plusieurs reprises, une notion parfois exprimée en d'autres termes comme nous le verrons par la suite et qui semble fondamentale dans le travail de comédien. Dans l’éventail des qualités que doit détenir un comédien accompli - à côté du bagage technique - je souhaite donc formuler l'hypothèse qu'il existe une capacité de lâcherprise. Je me propose de vérifier cette hypothèse en définissant précisément cette capacité dans le contexte de l'art dramatique, et en observant quelles pourraient être les propriétés de cette capacité en confrontant la définition obtenue à ce que des professionnels de théâtre et de la formation des comédiens ont affirmé de prestations scéniques particulières ou extraordinaires. Parmi une multitude d'interrogations, les questions centrales qui sous-tendent ma recherche sont les suivantes : s’il est vérifié qu’un lâcher-prise est requis dans l’interprétation dramatique, que faut-il "lâcher" ? Lorsqu’un comédien détient parfaitement une partition scénique, existe-t-il une part qui doit lui échapper pour que sa prestation soit exceptionnelle ; si oui, quelle est cette part ? Est-il possible consciemment d’abandonner une part de contrôle ? Peut-on développer ou cultiver une qualité "en creux", pour ainsi dire ?